LEMAT PIETTA

Il faut se replacer dans le contexte de l'époque. Pendant la guerre civile, il n'y avait que peu d'armes à cartouches métalliques. Les revolvers étaient pour la plupart à percussion. Le Le Mat conçu là-bas tentait de répondre à une problématique qui était celle de la capacité du barillet. D'ailleurs, à l'origine - c'est le cas de ceux qui se trouvent encore dans l'armoire de ma famille - ils étaient forés en calibre 41 et non 44. Cela leur donnait une assez forte puissance de choc tout en "économisant" un peu de poudre. Et de plomb.
Le canon central était lisse pour pouvoir tirer tout type de projectile, même de la grenaille de plomb. Et il est vrai que nombre d'utilisateurs chargeaient le canon central avec des ballettes sphériques. Dans ma famille, les ballettes des cartouches préparées - maintenant de collection - sont à peu près sphériques et manifestement coulées dans une poêle à plombs et d'un diamètre d'autour de 6 mm. Ces cartouches sont présentées un peu comme une cartouche de calibre 23 - un peu plus petites que le calibre 20 du Pietta, donc - parce que le canon central est lui aussi un peu sous-calibré par rapport à celui de la copie italienne. Cela ressemble à des cartouches actuelles mais sans culot métallique. A la place, il y a un tortillon de papier gris que l'on déchire pour verser la poudre dans le canon puis que l'on froisse pour servir de bourre sèche au contact de la charge de poudre. Le cylindre de carton contient la bourre grasse, la charge de plombs et l'opercule de fermeture avant. Cela donne un projectile compact qui reste à poste dans le canon central même si on tire les balles du barillet.
Car, si on a souvent la désagréable surprise de voir le levier de chargement sortir de son poste où il est tenu par son ressort, on a aussi souvent la mauvaise surprise de voir les plombs du canon central vivre leur vie après que la bourre avant a glissé hors du canon sous les coups de boutoir du recul.
L'usage de laisser une chambre du barillet vide n'a rien d'aberrant au stand de tir. Toutefois, au combat, on ne procédait pas ainsi. On laissait reposer le chien entre deux chambres.
Une pratique qui s'avère sûre avec les copies actuelles dont l'usinage et la qualité d'acier sont meilleurs que ceux des fabrications de guerre du XIX e siècle consiste à armer le chien au premier cran, dit "cran de sûreté". Car si les armes modernes ont un "cran de sûreté" c'est un abus de langage puisqu'il s'agit en fait d'une commande annexe qui place un obstacle entre le percuteur et l'amorce de la charge et non d'un cran que porterait le chien ou le percuteur (pour les armes qui n’ont pas de chien).
Mais revenons au canon central du Le Mat : on peut y tirer toutes sortes de projectiles, en particulier des balles pour canon lisse. Cela a permis la manufacture, souvent locale, de balles empennées avec un noyau de fer ou d'acier doux qui ne touche en principe pas le canon lisse puisque équipé de segments de plomb qui assurent le guidage du projectile dans le canon lisse. Un tel type de projectile permettait de perforer des blindages légers comme des cuirasses en cuir bouilli ou des planches de châtaigner dont on constituait certaines portes, voire les parois de chariots ou de charrettes.  Dès que je le pourrai, je mettrai en ligne des photos de ce type de munitions.
A bientôt

Mais il tire bien. je veux dire avec le barillet.
Avec le canon de calibre 20, c'est un peu plus délicat. Mais j'ai été surpris de voir que la balle empennée que j'ai faite était tout à fait en ligne à 25 m. Dans la clavicule près de la base du cou.
En gros 7 cm à ma droite et 5 cm trop haut par rapport à ma visée. Et j'ai bien accusé le coup, c'est-à-dire que j'avais les yeux ouverts au moment du départ du coup. Je sais donc exactement quel était le point de visée au moment de la détonation.
Le départ du coup est assez lourd, mais tout à fait "négociable ". Et avec les Mac 50 et les Tokarev 35, je suis habitué aux départs de coup du style arme de guerre. La masse de l'arme permet d'étaler sans difficulté majeure le recul du canon de 20 chargé à poudre noire. On est loin du coup de boutoir du 44 Magnum Automag de l'Automag 180, par exemple. Maintenant, il faut voir à l'usage...

... Mais je suis pris par la traduction de l'article de Shapiro sur le rechargement à poudre noire. La traduc est faite, mais maintenant il faut que je trouve comment la mettre en ligne pour le forum