CONVERSION restauration pistolet à percussion

Bonjour à tous.
Il y a deux semaines, je me promenais sur NB avec le vague espoir de trouver un vrai vieux truc à poudre à restaurer...
J'ai été séduit par l'élégance de ce pistolet moyen (30 cm), malgré son état et l'absence de pièces fondamentales: pas de platine ni contre-platine, ni mécanisme, ni chien, ni baguette!
Photo de l'annonce

Ayant emporté l'enchère sans mérite, car il n'intéressait que moi, une fois l'épave en main, j'ai commencé la recherche d'éléments exploitables. Mon but n'est pas d'en faire une pièce de collection conforme à l'original, mais une remise en état de tir, au moins des balles de tir réduit, pour le fun.
Le canon, à section évolutive, a une âme au calibre d'environ 15,6mm, lisse, avec par endroits une couche de calamine assez dure, et j'estime le calibre d'usinage à 16 mm. J'ignore si c'est un calibre usuel à l'époque, dans le civil. La cheminée, en bon état, était bouchée, mais avec un triturage avec une corde à piano de 1,5 mm coudée, 2 ou 3 amorces à vide, ça passe...
On peut voir au fond du tonnerre, une masse métallique fondue, semblable à de l'argent, trace probable de la pose du porte-cheminée lors de la conversion.
J'ai fini par trouver une paire de noix g/d et leur support, d'origine probable fusil de chasse PN, bruts de fonderie, et j'ai commencé l'adaptation des éléments côté droit.
J'ai retravaillé le logement de mécanisme à la fraise métal 8mm, en laissant une feuillure d'appui quand c'était possible. Le mécanisme rentre, et je viens juste de découper un morceau de tôle d'acier de 2,5mm pour tailler la platine et la contre-platine.
Sur la photo, vous pouvez voir les gabarits carton de ces pièces à réaliser.
Figure également un chien trouvé à bon prix chez un vendeur NB. il fera l'affaire pour l'instant, moyennant un peu de travail: indexation du carré, adaptation de la tête de frappe, (car selon le vendeur, c'est un chien à broche..) je l'ai pris car ses cotes principales correspondent bien au pistolet, notamment le déport très faible de 3mm.

Quant au pistolet lui-même, à silex d'origine, selon le vendeur,  je n'ai aucune idée de la marque, ni du millésime.
Version bon marché de pistolet d'officier? Pistolet dit "de voyage"?
Un marquage sous le canon, sur une zone cachée, mais avec certains caractères illisibles:
           "  MER***V*"
Le dos de la crosse est sculpté, mais le motif, floral à première vue, est bien estompé par les années.

malgré la chauffe préalable, le levier de détente a commencé à craquer avant les 90°souhaités. Je vais le refaire, en attendant un point de brasure fera l'affaire!  Zut! plus d'oxygène... ça attendra.

Il y a aussi du travail sur le bois! Pas de noyer noir sous la main.. à titre d'essai, j'ai réparé un manque juste au dessus de la platine avec un morceau de teck, qui a une couleur assez proche. Il s'est curieusement créé une fissure très authentique de surface lors du séchage de la colle...

En prenant mon temps, je pense pouvoir refaire le "nez" de la monture qui en a vu de dures, et est bien mâchouillé et fendu. la partie qui recevait la goupille du canon a carrément disparu!  ça c'est un défi à relever... Mais si cela s'avère trop difficile, je pourrai toujours l'amputer de cette partie, en posant dans le même temps une goupille plus en arrière, vers le milieu du canon.
Cette arme aurait très bien pu subir cette modification à une époque antérieure, après tout...

Pour finir, une question aux spécialistes: Quel traitement appliquer aux pièces d'usure comme le cliquet de détente, les crans de la noix, etc?   trempe? à l'eau, à l'huile? une cémentation au charbon?

Et puis une autre, tiens... Je ne trouve aucune trace d'un rappel quelconque de la gâchette elle-même.. C'est normal, ça? La garde, s'il y en a, est "libre et flottante"?

Mon pistolet est très semblable, (à la finition près!) à ceux-ci(des conversions également), créés par l'armurier Berardy de St Etienne vers 1780.  L es garnitures en fer sont identiques...

J'imagine que le monde des armes civiles devait fourmiller d'assembleurs/armuriers travaillant en puisant dans leurs tiroirs pleins de platines, de canons, de garnitures qu'on retrouve de nos jours sur beaucoup d'armes sans "histoire"...

Platine en cours. La tôle a été apprêtée en blanc pour rendre le tracé plus visible (ma vue baisse beaucoup ces derniers temps!)
Dégrossi à la meuleuse, finition à la lime fine...au coin du feu!
La contre platine subira le même sort.
En accord avec la finition "économique" de ce pistolet, ces pièces seront plates et sans gravure, évidemment...

Quelques heures plus tard...

La contre-platine va suivre, bien sûr. Les 2 trous visibles seront filetés à M4 pour recevoir l'extrémité des vis transversales.
Je vais faire l'installation du mécanisme en essayant de ne pas me planter..
puis j'exposerai la platine aux intempéries, avec un peu de sel dessus, en espérant qu'elle pique un peu, car présentement, ça manque de patine, par rapport au canon, au chien et autres garnitures.
On peut voir le triste état de l'avant du bois, et, au vu de la position de l'unique tenon du canon, la taille du morceau disparu !
Il n'y a pas que ça de disparu: je viens de voir des traces de la présence, à l'origine, d'un autre support de baguette, juste derrière la goupille de canon( absente) . Exactement comme sur la paire de pistolets dont j'ai posté la photo.

Rien de neuf, ce jour. De longs moments de repérage, simulations, etc..
On voit sur la photo que je vais devoir reprendre l'angle de frappe, et dans le même temps creuser un "logement de percussion". dans la tête, qui du coup protègera des éclats d'amorces. La tête dudit chien est trop allongée, je vais la reprendre en la centrant sur le point d'impact. Le déport était presque bon, à 1mm près. Il est revenu dans le droit chemin avec un bonne torsion dans l'étau...
Comme c'est une pièce fondue, je craignais la casse immédiate, mais non, il s'est gentiment laissé faire. Même à 10 € le chien, ça m'aurait embêté un peu... Je continue à le travailler à la lime douce jusqu'à disparition de ces vilaines piqûres, heureusement pas profondes.

Contre-platine...

Mise en place provisoire du mécanisme. tout fonctionne bien, avec des élastiques en guise de ressort de chien... Le départ est propre et net, avec une pression moyenne sous le levier. Il a fallu réindexer le carré de 45° pour que tout tombe bien.
Tête du chien revue, mais pas encore forée pour coiffer l'amorce.
Il est bien évident que les 3 BTR de bride, anachroniques, seront remplacées par des vis à l'ancienne.
Il me reste à forger un grand ressort digne de ce nom. J'ai mis de côté un vieux râteau à feuilles avec des lamelles en acier plat de1,5mm d'épaisseur sur 7mm de large, dans un acier à ressort très "raide"... Si une épaisseur ne suffit, pas, j'en assemblerai deux. Le rappel de la noix est prévu par "chaînette". On devrait d'ailleurs dire "biellette"!


Pas d'inquiétude pour les belles griffures visibles sur la platine, avec le vieillissement que je lui réserve...!

Faute d'oxygène, je n'avance guère...
Je trie ma vieille visserie pour trouver les vis à fente qui conviendront.
Demain, je fore la tête du chien, qui est vraiment une bonne bête et revient toujours frapper au (bon) même endroit. J'ai la confirmation visuelle qu'il est bien dans un acier plus mou que la cheminée, ce qui est une bonne chose.
Le rappel par élastiques de bureau ( plus que sur la photo, quand même) m'a permis de claquer une de mes amorces "maison" sans problème. C'est bon signe.


Je vais faire un petit avant-trou de 2/3 mm de profondeur, redresser la surface, puis mettre un coup de fraise 7mm centré sur l'avant-trou, sans aller plus profond...

Bravo ! Continue.

Sûr, que je vais continuer. Mais aujourd'hui, pas la forme...Demain peut-être, comme disait l'autre.
Quoi qu'il en soit, merci pour tes encouragements.

ROYRODGERS a écrit:
Pas d'inquiétude pour les belles griffures visibles sur la platine, avec le vieillissement que je lui réserve...!

Vraiment bravo !

Merci l'ami...
Usinage du creux dans la tête du chien. Je dois retravailler la marge à la lime, pour l'esthétique. Le forage et le taraudage  du carré à M4X0,70 sont faits. Malgré un trou initial d'au moins 12mm de profondeur, je ne suis parvenu à tarauder que sur 4mm: ça ne suffira pas, il faut que j'y revienne...
Déjà, mon carré transformé en étoile à 8 branches ne m'inspire pas confiance, même si cette pratique fut assez courante pour les réparations.
Comme il y a une bonne section du carré qui dépasse, d'au moins 2mm, j'éviterai la bêtise de la meuler, et vais plutôt placer en renfort une rondelle en acier dur, trouée au carré, et rendue solidaire du chien par un moyen ou un autre.   (goupille acier, brasure forte ou douce, etc) Avec ce chien en acier à ferrer les ânes, ce ne sera pas du luxe.

Ce renfort pourrait évidemment être placé sur la face cachée du chien,mais je veux qu'il soit le plus "collé"possible à la platine, pour l'aspect, là encore...

Je renouvelle ma question aux spécialistes: Sur un pistolet fin du 18ème , y-a t'il un rappel sur la queue de détente?
Merci à tous!

Pour plus de questions tu peux passer par M. P. Éventuellement je ferai des photos.

Merci Cobravif. Je ferai comme ça, le cas échéant.

Si je comprends bien: supposons que je laisse, volontairement ou non , un jeu, on va dire une "garde" entre les deux barrettes perpendiculaires de commande, je vais avoir un battement libre de la détente avant le départ du coup.
Pour résumer: Soit on monte le bazar sans jeu et le coup part dès qu'on touche la détente, soit on laisse du jeu et la détente va jouer les pendules sur cette course libre, ce qui, tu en conviendras, n'est guère satisfaisant du point de vue "mécanique".

J'ai posé cette question car je n'ai trouvé aucune trace du moindre système de rappel et je trouvais ça curieux. Je vais voir si je peux glisser un petit ressort en épingle sur l'axe de détente. Ce n'est pas vraiment anachronique, mais pas forcément facile..

Tout d'abord voici l'intérieur d'une platine :

En 1 on voit la queue de platine et sa barre perpendiculaire aussi appelée "guignol".

En 2 la noix de platine. Lorsque le chien est à l'abattu le ressort le guignol vers le bas. Il appuie sur la crête arrière de la détente et l'empêche de "se balader" de manière insatisfaisante.

Oui, oui, j'avais bien compris tout ça.
Je voulais simplement remarquer que dans une telle configuration, sans un rappel propre à la détente, on n'a pas le fonctionnement habituel de nos armes avec lesquelles on a une course faiblement rappelée, puis l'arrivée sur la bossette, s'il y en a une, puis boum
Rien fait ce jour, à part casser un taraud dans le carré de la platine! Je suis parvenu à l'extraire, mais pas sans mal. OUF!

Bon, je reprends un peu ce chantier.
Tel quel, avec son rappel de chien par élastiques, tout fonctionne très bien, à part la force de frappe, bien sûr.

J'ai renoncé à faire le grand ressort moi-même, car j'en ai trouvé un sur n/b qui demande peu de travail pour être adapté.
Il est un peu trop long, mais comme je vais opter pour une liaison par "chaînette", ça devrait fonctionner. Le mentonnet de cette noix de fusil est trop court et de plus mal orienté pour réaliser une liaison directe ressort/noix. et avec la chaînette, pas de friction!
La photo montre bien la nécessité d'ancrer le bras du haut sur une butée qui sera soudée ou vissée sur la platine, et je dois encore  façonner l'extrémité du grand bras pour recevoir l'axe transversal du maillon de liaison. Côté noix, le travail était déjà fait d'origine.

Ayant retrouvé l'usage de mon chalumeau, j'en ai profité pour renforcer la fissure apparue lors du formage du levier de détente, avec un bon congé de laiton. J'en ai mis une couche au point de contact du ressort de rappel, ce qui assure un glissement très doux de celui-ci, même si la course est très réduite.
A cette occasion, j'ai trempé les ergots du levier, pour réduire l'usure. Je le ferai aux encoches de la noix lors du remontage final..

A suivre...

Le chantier n'avance pas beaucoup, car je suis occupé à installer un pas de tir 40m pour ma nouvelle carabine Stoeger RX 40 cal 177, mais j'ai quand même réalisé la chainette du grand ressort, avec un maillon de chaîne 6,35mm. ça fonctionne, mais le cran armé position tir est très dur à atteindre, le ressort est trop puissant. Je vais devoir l'assouplir par meulage sur les deux brins... et déterminer le meilleur point de butée pour le brin haut. Et peut-être en profiter pour mettre un réglage de dureté sur cette butée, si toutefois j'ai une place suffisante! Pour l'instant, je glisse une tige de CAP de 1,5mm dans le trou qui se trouve au-dessus du bras haut.

bravo pour ce taf que je suis mais la on est en manque.
Les vacances passées as tu repris?
tu as quelques photos, je suis curieux.

C'est ben vrai çà , dilem à raison , cher Royrodgers on attend la suite et surtout pas par MP on serait privé de tous ces détails tres intéressant  .. Je suis admiratif quand à ta patience et ta dextérité Roy ,

Armicalement

TEX

Bonjour les amis. Je suis toujours avec vous, mais ma santé m'oblige parfois à de longs moments d'inaction. De plus ce regain d'intérêt pour l'air comprimé m'a fait délaisser un peu ce brave pistolet inconnu. J'ai dû faire aussi de la mécanique sur mes engins de loisir (buggy, moto, quad, tondeuse etc) que mes enfants et petits-enfants apprécient quand ils sont en vacances chez moi. La maison grouille de monde en été et c'est très bien ainsi...
Pour ce qui est du pistolet, une avancée importante, tout de même, j'ai réussi à réusiner l'âme du canon avec un gros foret de 15,75mm, à la main, avec de l'huile 2t comme huile de coupe, en tournant doucement, mm par millimètre, j'usqu'à l'entrée du tonnerre. Le foret était neuf, donc bien coupant et bien droit, et j'ai pu contrôler en permanence la petite "marche" qui se formait dans l'âme, en veillant à ce qu'elle soit toujours régulière sur la périphérie (env 0.25mm de rayon en plus)
Le calibre du foret convient très bien pour un projectile de 15mm+un bon calepin de coton tissé.
J'ai un très vieux moule à balle ronde de 16mm que je vais  trouver le moyen de réduire à 15, mais je compte en réalité tirer de la balle caoutchouc nitrile 15mm trouvée chez Aliexpress, pour ne pas m'éclater la main avec cette antiquité. Ces balles passent sans forcer sur toute la longueur rectifiée, avec juste le jeu nécessaire au calepin tassé et graissé. Ces balles relativement lourdes devraient permettre un minimum de précision entre 5 et 10 m.
Il me reste à polir soigneusement la paroi usinée avec un mandrin équipé de papier de verre 400/600. Il subsiste quelques criques de rouille par endroits, mais ça ne devrait pas nuire au tir.

Pour le moment, je cherche une petite chute de noyer pour refaire le nez de la monture comme à l'origine.  A défaut je mettrai du teck comme pour la première réparation, mais c'est pas l'idéal, pas pour la couleur, qui est très proche, mais pour le grain du bois, plus grossier que le noyer, et ça se voit...

Ces balles se font dans tous les diamètres, et valent environ 10à 12 € les 50. Je pense qu'elles sont réutilisables plusieurs fois, le calepin les protégeant du feu de l'explosion, et la charge nécessaire étant très réduite (bien moins d'1g, sans doute)...

J'ai reçu il y a peu un beau morceau de noyer noir (10x10x2cm) trouvé chez ETSY, site genre aliexpress, un peu plus spécialisé pour le DIY ( do it yourself). 9 € quand même, port compris, mais quand on aime....
J'en ai même commandé un autre par erreur! ce bloc me permet de refaire 8 fois la partie manquante. Le vrai problème va être dans l'assemblage de ce morceau avec la monture d'origine, particulièrement fine à l'avant. Il faut également faire en sorte que la liaison soit invisible ou presque, mais très solide, car cette partie reçoit une goupille de retenue du canon! Je serai probablement
obligé d'avoir recours à des matériaux et produits anachroniques, mais en sauvegardant l'aspect. C'est un pari...

Qui aurait un fanon de baleine, pour faire ma baguette?

Je blague, mais on ne sait jamais...

La remise en état de mon antiquité reprend son cours, avec, ce dimanche, la coupe de la partie avant mâchouillée, puis le collage d'un bloc de noyer, renforcé par 2 broches carbone 3mm, longueur 4cm, dans le sens longitudinal, invisibles, évidemment.
Pour encore plus de solidité, une gouttière en tôle d'acier 0,3mm sera collée dans le "lit" du canon, quand la rallonge de bois sera définitivement mise en forme. canon en place, elle sera aussi invisible que les broches.
Le seul et unique tenon du canon se trouvant dans la partie remplacée, vaut mieux assurer!
Une vue de la coupe, et une de la pièce neuve collée, à peine ébauchée...( le bois paraît clair, mais c'est un effet de la photo)

Bravo ! Continue.