Je suis assez discret depuis plusieurs semaines...

Voilà plusieurs semaines que je semble bouder les fora. Il n’en est rien et j’y jette un coup d’œil chaque jour.  Mais j’ai été très pris depuis décembre.
Le premier février de cette année deux mille dix-neuf qui commence, ma chère maman est partie rejoindre mon père au pays des aquarelles éternelles.
Elle a été une vraie aquarelliste et nous avons tous de ses œuvres, dans la famille. Elle était dans une maison de retraite des Hautes-Pyrénées, à Bagnères de Bigorre et repose maintenant auprès de mon père. Elle est partie sans souffrance pendant sa sieste.
Lorsque nous allions la voir, nous la trouvions toujours en train de tricoter, comme nous l’avons toujours vu faire depuis notre enfance.
Une mère de famille de huit enfants a évidemment bien autre chose à faire que du tricot, mais ses moments de calme, elle les mettait à profit pour nous tricoter des chandails, des vestes des chaussettes ou des moufles.
Elle passait souvent une partie de la nuit à tailler et coudre nos vêtements et nous a habillés pendant la période qui précédait les trente glorieuses.
Ensuite, elle n’a plus fait cela par nécessité mais pour l’art. Elle trouvait toujours un joli modèle pour tel enfant ou tels petits-enfants.
Parfois elle réalisait un manteau en bonne laine pour l’un de nous adulte parce qu’elle avait eu le coup de cœur pour un modèle qui irait à tel ou tel d’entre nous. Elle mettait à jour nos mesures lorsque nous venions chez mes parents pendant nos vacances.
Par exemple, ma tendre épouse portait le jour de l’ascension de ma mère un duffle-coat que lui avait fait maman il y a bien des années et qui n’a pas bougé ni en tenue ni en usure.
Depuis quelques semaines, elle tricotait moins et restait à contempler les Pyrénées qui changeaient de couleur en fin d’automne et commençaient à blanchir sur les crêtes. Elle commençait à couper les derniers bouts de laine du grand tricot de sa vie.
L’âge venant elle ne peignait plus, n’écrivait plus de poème et elle nous a laissé le soin de terminer le livre des souvenirs qu’elle a notés sur des cahiers d’écoliers et dont nous faisons la synthèse.
Vous comprendrez bien que depuis plus de deux mois, les travaux que j’ai en cours se sont bien ralentis. Ne craignez rien, ils vont reprendre et je vous en rendrai le résultat au fur et à mesure que je les terminerai. J’ai quelques pièces à forger et ajuster et je compte bien m’y remettre une fois les premiers rendez-vous chez le notaire passés. Un peu de patience je ne vous oublie pas.