Un remington 1858 de plus

Ma recette de graisse pour projectiles tirés à poudre noire :

Prendre de la cire d'abeille brute (couleur brune) et faire fondre une partie du pain de cire (préalablement coupé au couteau chauffé) au bain marie dans un pot en verre qui dispose encore d'un couvercle étanche. Je me sers souvent de pots de poison à bébé en verre dûment lavés et séchés. Tailler le pain de cire pour en tirer un morceau qui une fois liquide occupe un peu moins que la moitié du pot. Si on a fait trop fondre, ce n'est pas grave, on en reverse sur le pain de cire où il durcit en se refroidissant. Une fois la cire fondue, arrêter le feu et verser le même volume d'huile de vaseline froide que celui qu'occupe la cire chaude.
Sortir le pot de l'eau chaude et remuer le mélange avec une touillette en bois, ou un agitateur de chimie en verre, jusqu’à obtenir un mélange homogène. Touiller tant que la cire n'a pas commencé à se re-figer. Dès qu'elle redevient pâteuse, il ne reste plus qu'à laisser refroidir.
On a ainsi réalisé de la graisse À la vaseline et non DE vaseline. Cette graisse présente les avantages suivants par rapport aux graisses à base d'autres graisses animales :
- Elle est plus stable en viscosité face aux changements de température,
- La cire d'abeille fondue a pratiquement la même densité que" l'huile de vaseline et forme rapidement un mélange homogène.
- Elle est morte et n'est pas attaqué par des bactéries et combinée à l'huile de vaseline, elle est encore plus stérile parce que la cire d'abeille contient très peu d'eau et l'huile de vaseline est hydrophobe. Ce qui fait que le contenu du pot est très hostile au développement des bactéries courantes.

Autres graisses animales :

On peut combiner l'huile de vaseline à d'autres graisses animales, suif de mouton - ça pue - saindoux, graisse de porc, graisse de canard ou d'oie. mais alors il faut tâtonner pour trouver la bonne viscosité. En outre, cette viscosité est plus variable à la température et elle varie d'une graisse à l'autre et dans un type de graisse avec le lot de graisse animale que l'on utilise.
Cela complique la préparation.
En revanche, ces graisses contiennent plus ou moins d'eau fixée en mélange éclectique sur les lipides de la graisse. Au départ du coup, la graisse de la balle libère cette eau dans le canon sous l'effet de la chaleur due au frottement et à la déflagration de la poudre. Cette eau contribue à la liquéfaction des calamines de poudre noire et facilite le nettoyage du canon par le frottement du plomb lubrifié. Cela permet d'ailleurs d'éviter l'utilisation du tube souffleur lorsqu'on fait du tir à longue distance. Mais il est bon, lorsqu'on utilise ce genre de graisse d'écouvillonner assez souvent le canon pour éviter qu'une accumulation d'eau provoque la constitution de bagues d'eau qui déformerait la balle ou, pire pourrait à limite provoquer le baguage de canon incident assez rare en poudre noire bien que toujours possible surtout si on n'a pas séché l'huile de son arme avant le tir.
Emploi de graisse pour le stockage. Lorsque pour diverses raisons on est conduit à conditionner une arme pour un stockage de longue durée - plus d'un an - il est bon de protéger le canon et les chambres, ainsi que le mécanisme. Pour ce faire il faut nettoyer l'arme à fond, mécanisme compris pour être sûr qu'il n'y reste pas de calamine de poudre noire.
Je recommande de bien huiler toutes les pièces y compris l'âme du canon et l'intérieur des chambres à l'huile de vaseline. Cette huile est hydrofuge et isole le métal de l'eau ambiante. Ensuite il est bon de graisser l'arme. La graisse recouvrant l'huile la maintiendra liquide puis légèrement pâteuse. C'est là que la GRAISSE de vaseline peut être un avantage sur celles aux graisses animales. Les paraffines qui servent à constituer la graisse par mélange avec l'huile de vaseline sont, elles aussi, assez hydrofuges et inertes pour le métal et le bois.
L'absence de calamine de poudre noire avec son mélange de cendres de salpêtre, de soufre et carbone fait ces paraffines n’auront pas de composant sur lequel réagir, à la différence de ce qui se passe lors des tirs.

Utilisation des huiles et graisses végétales.
À la limite, on peut utiliser des huiles végétales pour fabriquer de la graisse à balles. Mais il faut aussi utiliser soit de la cire d'abeille, soit de la margarine. Toutefois, cela présente des risques. Toutes les huiles végétales contiennent de l'eau au même titre que les graisses d'animaux à sang chaud évoquées plus haut. Si on les combine à ces graisses on obtient des mélanges très mous et très mouillés en eau. Si un peu d'eau est utile avec la poudre noire, trop d'eau nuit, nous avons vu pourquoi. En outre, il faudrait utiliser des huiles végétales très chères dont on soit sûre qu'elles n'ont pas été extraites du tourteau à l'aide de trichloréthylène, une pratique courante pour nombre d'huiles alimentaires industrielles vendues à bas coût. La quantité résiduelle est sensée ne pas être nuisible à la santé humaine mais elle est suffisante pour accélérer la production de ce goudron dur qui provoque l'emplombage.

Lors de la remise en service de l'arme longtemps stockée, après un solide nettoyage de la graisse durcie par un lavage à l'eau tiède et au détergent à vaisselle on retrouvera un métal non oxydé. Bien sûr, ce lavage fait, il faut tout sécher et bien enduire d'huile de vaseline qui termine l'élimination de l'eau. Alors on cesse d'utiliser la GRAISSE de vaseline pour revenir aux graisses que nous avons décrites plus haut.