Encore un nouveau...

J'admire ces tireurs P.N. au gros calibre ! Il sont à la fois artilleurs et fantassins. Cela me rappelle mes débuts, je suis devenu artilleur après avoir été chasseur alpin. Mais Chasseur un jour, Chasseur toujours. Quoique... Par Sainte Barbe, vive la Bombarde !
Tiens allons prendre un pot,dans une douille de gros calibre !
Pour les fanas de la Grande Guerre, j'ai commandé dans les années 1980 une batterie du 61e Régiment d'Artillerie qui était alors en garnison à Morhange. Le régiment était jumelé avec la ville de L'Hôpital. Une ville minière, une ville de "Gueules Noires".
Pendant la Grande Guerre, le 61e R.A. - régiment d'artillerie hippomobile rapide équipé du fameux 75 - surgissait à grand galop sur les zones les plus menacées. Les gars n'avaient le temps d'entretenir que les armes, pas de se laver. Et un jour où Ludendorff était venu se rendre compte par lui-même de pourquoi l'artillerie française lui brisait toutes ses tentatives de percée en Lorraine du nord, il a eu ces mots : "Et j'ai vu surgir de nulle part des batteries et des batteries d'un Régiment - on m'a dit qu'il s'agissait du 61e de Légère - une horde de Diables Noirs qui, à peine dételés, ont commencé à nous ravager les lignes et colonnes ! L’Artillerie Française, je la hais !"
Depuis, le 61e R.A. - qui s'est vu décorer de la fourragère de la Légion d'Honneur après la Grande Guerre - arbore sur son insigne une tête de diable noir. Soit dit en passant, il est le seul régiment d'artillerie à être décoré de la Légion d'Honneur.
Du temps où le régiment était à Morhange, nous terminions les marches à la fourragère à L'Hôpital (la ville, pas l'établissement, nos marches n'étaient pas si difficiles !) par une prise d'armes sur la place centrale.
La population de la ville nous accueillait à bras ouverts ; les familles invitaient les soldats à déjeuner. C'était très convivial et familial. Et les vieux disaient toujours : "Cela rappelle de bons souvenirs, de voir les Diables Noirs chez les Gueules Noires".
Il faut dire que parmi ces Anciens, il y avait des hommes et des femmes qui étaient enfants ou ado à la fin de la Grande Guerre et que ce sont les artilleurs du "61e" qui ont été les premiers alliés à entrer dans la ville en septembre 1918 et l'ont défendue contre les tentatives des soldats de Guillaume pour la reprendre. Ils étaient donc les héros de la ville. C'est du moins ce que racontaient les Anciens aux jeunes recrues nouvellement "fourragérisés".
Et pour désarmer les critiques qui diraient que ce n'est pas le sujet du forum, si les artilleurs du "61e" avaient la gueule noire pendant les offensives, c'est que les charges relais des obus de 75 étaient de 105 g de poudre noire "gros grain", elles assuraient la jonction d'allumage entre l'étoupille de la douille et la poudre pyroxylée des gargousses des charges propulsives. Ah!