Stockage de la poudre noire quelle solution .

La signalétique des matières explosibles

 
 

En effet, en allemand, l'indication Explosionsgefahr signifie "Danger d'explosion"  sans préciser s'il s'agit de détonation -Knall ou Detonation - ou de déflagration - Verbrennung ou Aufflackern - Et le sigle ne porte pas le petit E dans le coin en haut à droite ou à gauche.
Sur l'autre flanc du flacon, on voit écrit en anglais "Danger! Explosive".
Là encore, les anglophones sont peu précis et les États-uniens qui savent qu'en anglais explosive signifie matière explosible ont adopté la locution "High explosive" - abréviation Otan H E-  pour faire la distinction entre les matières explosibles en général et les explosifs, ceux qui détonent.
Le dictionnaire des termes militaires de l'Otan publié par ARCO à New York ( ISBN 0-13-210493-8 ) précise même à l'entrée High Explosive Cargo (Cargaison d'Explosifs) : Cargaison comportant des munitions d'artillerie, des bombes, des charges perforantes, des composants destinés aux destructions (réalisées par des spécialistes commandos ou du Génie NdT), des roquettes ou des missiles.
Cette entrée est destinée à harmoniser au sein de l'Otan la terminologie employée par les unités de transport logistique des armées des différents pays de l'Alliance. Notez que ce qui est considéré comme cargaison d’explosifs ne porte que sur des munitions avec une tête militaire chargée de matière détonante et qu'on n'y trouve pas les cartouches dont la matière explosible principale est la poudre propulsive. Si on trouve des roquettes et des missiles dans cette liste, ce n'est pas pour le propergol de leur moteur mais bien pour les têtes militaires chargées à l'explosif. Quant aux composants destinés aux destructions, il s'agit des mines de divers types, antichars, antipersonnel, des charges coupantes ou creuses composant l'explosif des mines et charges à effet dirigé. Toutes ces charges sont fabriquées en explosif, au sens technique du terme.

Dans le dictionnaire américain Webster's, édition de 1985 à Springfield Mass. l'abréviation H E est développée de la manière suivante: Her Excellency, high explosive, His Eminence, His Excellency.

1) à côté de trois titres protocolaires dont deux sont en fait le même au féminin et au masculin, la seule abréviation retenue par le comité de rédaction de l'ouvrage est celle qui a trait aux explosifs tant il est crucial de la lister.
2) ce dictionnaire généraliste Websters est destiné aux étudiants d'université jusqu'au doctorat et n'est en rien un dictionnaire militaire ou technique, comme celui de l'Otan.

Ainsi, sur le flacon de poudre suisse, ni le pictogramme avec son indication en allemand, ni même les indications en anglais n'évoquent ce que l'on appelle de l'explosif en termes techniques.

Je conçois que quelqu'un qui ne maîtrise ni le vocabulaire technique anglo-saxon - de nombreux anglophones sont dans ce cas - ni les subtilités de la pictographie se laisse abuser par les apparences.

Ma chère Pétroleuse, n'écoutez pas ces médisants. La poudre noire dans l'armoire de Mme votre mère est bien à l'abri. Il faut simplement s'assurer de ce que, lors d'une crise d'embarras gastrique toujours possible, elle ne prenne pas ce produit pour de la Formocarbine*.
Elle serait déçue parce que d'une part c'est beaucoup moins bon au goût et d'autre part, si cela noircit les dents et la langue comme la Formocarbine, la poudre noire ne dégage pas la tuyauterie mais elle donne des brûlures d'estomac. Et ceci parce qu'il y a bien du charbon dedans, mais aussi du soufre et du salpêtre. Or, avec les acides gastriques, le soufre réagit en donnant une variante organique de l'acide sulfurique. Mais je vous rassure, très dilué.

C'est vrai, mais les poudres au goût "sucré" était des poudres sans fumée pour les cartouches de Lebel ou de mitrailleuses Saint-Étienne.
Le calibre était du 8 mm  Lebel. Les cartouches de 8mm Mle 1892 étaient chargées en Tbis, alors que celles de 11mm Mle 1873 étaient encore à poudre noire. Et là, le goût est nettement plus salé et acre.
Ah que les enfants avaient des jeux sains, à l'époque !
J'ai connu la même  chose en 1956-58 à Sarreguemines, en Sarre Mosellane. Là, les enfants habillés par les mamans dans des pantalons et paletots taillés dans des anciens uniformes de tenue de sortie allemands jouaient aux soldats avec des armes dans le canon desquelles les papas avaient coulé du ciment. Comme la ville était encore en reconstruction, il y avait plein de ciment pour pas cher. Alors que les armes jouets étaient trop chères. Mais le malheur voulait qu'on trouvât encore beaucoup de munitions non explosées, voire des grenades encore en caisses. Je me souviens mon père, alors directeur du centre FPA, se précipitant dans la rue sur un petit Lorrain qui était tout content de rapporter à la maison un maillet presque neuf pour son papa. C'était une grenade à manche allemande.
Personne n'avait envie de "LOL" dans ces cas-là.
Nous, pendant une promenade en forêt, mon frère et moi avec nos deux classes de maternelle, nous avions trouvé une douille d'obus pleine des plaquettes qui ressemblaient à du chewing gum Hollywood. Mais c'était pas du tout le goût. Évidemment, il s'agissait de poudre en plaquettes de munition d'artillerie. Les obus de 105 mm de la pièce de 105 HM2 étaient encartouchées, mais l'obus n'était pas fixé sur la douille. On en enlevait les gargousses excédentaires lorsqu'on ne tirait pas en charge maximale. Et les gargousses étaient des sacs en toile genre toile de lin sauf que c'était combustible sans laisser de cendre et dedans il y avait la poudre dont les "grains" étaient des plaquettes de 1,5 x 4 cm et épaisses de 2 mm à peu près et de couleur sable. On avait pris ça pour du chewing gum lorsque nous avions trouvé cette douille non tirée avec des sachets éventrés. Ah la poésie lénifiante des promenades en forêt de cette époque bénie !
Bien des années plus tard, comme officier d'artillerie, j'ai eu l'occasion de tirer dans mes canons Mle 105 Au 50 des obus de 105 mm américains qui dataient de la fin de la 2e guerre. Mon sous-officier munitionnaire m'a regardé d'un air incrédule quand à la fin des tirs, au moment de brûler les appoints de charges, j'en ai éventré un avec mon couteau de poche, j'ai pris une plaquette et je l'ai léchée pour retrouver le goût de plastique brûlé refroidi qui me rappelait ma petite enfance. Mon mécanicien artillerie qui venait me rendre compte d'une intervention sur l'un de mes chars m'a déclaré en rigolant : "Hé, mon Lieutenant, c'est pas du chewing gum". Alors pour qu'ils n'aient pas peur que je sois devenu fou, je leur ai raconté l'anecdote des cette promenade en forêt de 1957.

Tout le monde ne mange pas des madeleines devant un pan de mur jaune...