BUSCADERO ?

Il faut noter que contrairement à ce que présente "Au lit ! Voude !", la violence civile était beaucoup plus grande dans les villes essentiellement de l'est que sur la "frontier" à l'ouest.
La délinquance à l'ouest se concentrait dans les villes portuaires. MM. les voyous étaient plus avides d'argent facile que de vol chez les campagnards en général à la limite de la pauvreté sauf qu'ils avaient de quoi manger.
Et même au moment de la ruée vers l'or, les coups de mains de malfrats se produisaient plutôt dans les dépôts des compagnies de commerce de l'or qui achetaient les quelques pépites et sacs de poussière d'or à des prospecteurs individuels qui étaient rarement bien riches.
Il s'est bien produit de sales coups sur les zones de prospection mais il s'agissait de faits divers mettant en cause des envieux contre des chanceux.
Alors s'il y a eu des hold-up ce fut surtout contre des bureaux de mines employant des salariés ou d'achat de la production artisanale. On note aussi quelques attaques de convois de transport, ferroviaires ou par véhicules hippomobiles.
Dans ces cas-là, MM. les malfrats travaillaient à l'arme longue couvrant des équipes armées de canons lisses chargés à chevrotine couvrant eux-mêmes les opérateurs de contact eux-même armés de revolvers.
Les voyageurs armés voyageant à cheval portaient une (ou des) arme(s) longue(s) accrochée(s) à un étui de selle, les plus riches portaient un revolver en général à la ceinture ou en baudrier dans des étuis en cuir souple à rabat fermé protégeant l'arme de la pluie et dans une certaine mesure de la poussière. En cas de forte poussière, de toute façon les voyageurs portaient des manteaux assez longs et légers en toile de bâche ou de tente qui ne facilitent pas le  tir rapide.
Autant dire que les armes étaient rarement facilement accessibles en temps normal. En cas de danger prévisible, l'usage était de revenir à ce qui s'était toujours fait et de sortir son arme, d'en vérifier les amorçages, et ensuite de la glisser dans sa ceinture.
Dans les petites villes de l'Ouest où tout le monde se connaissait, les étrangers étaient rapidement repérés. Et s'ils semblaient douteux, on ne manquait pas de fusils à double canon pour les reluquer le temps qu'on apprenne à les connaître. Notons d'ailleurs que calibre le plus courant était le calibre 10 qui était en Europe celui des fusils à gibier d'eau.
Quant au revolver - quel qu'en soit le modèle - il était assez rare et en général l'apanage des gens plutôt aisés. Après la guerre civile, les démobilisés confédérés ont pu garder leurs revolvers, mais les possesseurs de ce style d'arme était surtout des officiers et quelques sous-officiers.
Donc il faut attendre les derniers mois de 1865 pour voir des ventes sous le manteau d'armes copiées sans licence. La production de revolvers copiés en général de Colts contre lesquelles les avocats de Colt étaient partis en guerre du droit des brevets.
Concrètement dans l'Ouest, le revolver n'est donc pas un accessoire généralisé du costume de pionnier. Le fusil à deux coups - souvent encore à silex s'il est difficile de se fournir en amorces - accompagne en général souvent les déplacements du paysan ou de l'éleveur. Plus pour pouvoir tirer un gibier à plume à rapporter à la maison que pour faire face au danger de voyous. Ces armes étaient aussi celle des posses armées levées par des maires en appui des quelques policiers municipaux lorsque des gangs se présentaient en ville. C'est arrivé, mais si on fait le compte sur la période de la conquête de l'Ouest qui se finit dans les années 1880, le nombre des bandes qui ont fait parler d'eux à cause de leur méfaits est faible et les grosses affaires retentissantes se comptent sur les doigts des deux mains. L'affaire de OK Corral fait moins de victimes que celle de la St Valentin dans les années 1920.
Il faut noter qu'à l'ouest c'est dans les maisons de ville plutôt cossues que l'on trouve des armes de poing dans les mains de civils non policiers. Et on sortait en général en ville sans arme de poing.
Après il faut faire la part des choses et il est vrai qu'au moment des guerres indiennes ou de quelques affaires de gangstérisme - rares je le rappelle - on a pu voir les habitants de ville prendre des dispositions de combat sous l'autorité des élus locaux. Et dans ces cas-là pas besoin d’étui de tir rapide. On tire posté et appuyé, même au revolver, et éventuellement on abat les voyous dans le dos à chevrotines. En temps normal - et ça continue de nos jours - c'est à la police qu'il appartenait de faire régner l'ordre et elle le faisait avec des armes longues, plus puissantes que les armes de poing à poudre noire. Et sans trop s'embarrasser de sommations dans le cas de voyous reconnus comme dangereux.

Pas pas tout à fait.
Les étuis de tir rapide que l'ont voit dans les films dérivent de l'invention de Thomas Threepersons qui était un policier états-unien métis d'indien. Il avait fait confectionner par un sellier un étui à revolver en cuir épais destiné à être porté à la ceinture pour tirer en hip draw c'est à dire porté du côté de la main qui tire. Ensuite les selliers ont produit des ceinturons permettant de porter l'arme assez bas pour que la crosse soit un peu plus haut que la main naturellement pendante.
Mais les essais et la réussite de mise au point de Threepersons remontent au début des années 1920 et donc bien après la fin de la conquête de l'Ouest.
On est alors en période de troubles dans les grandes villes de l'Est - Washington, Chicago, Detroit, New York - où les gangs se combattaient férocement sur fond de trafic d'alcool, de drogue, de luttes de territoires et d'achat de politiciens locaux. Or les avocats - souvent marron - s'étaient fait une spécialité de faire "sauter" les procédures en attaquant les policiers sur le fait qu'ils avaient tiré sur leurs clients qui ne les menaçaient pas. C'est pourquoi, Threepersons a pensé que si des témoins pouvaient déclarer que les policiers ne tenaient pas leur arme au moment d'aborder leur suspect, ce volet de la défense des voyous allait disparaître. Mais il fallait en cas de geste menaçant du voyou tirer plus vite que lui. C'est d'ailleurs à la même époque que la récitation ou la lecture des droits au mis en arrestation se généralisent. Toujours pour éviter les fautes de procédure.

Pour avoir des conversion "d'usine" il faut attendre que le brevet Rollin White tombe dans le domaine public aux États-Unis. Cela intervient 1870 ou 71 je ne me souviens plus. Donc après la guerre civile. Et encore, les armes à percussion survivent longtemps dans les zones où les cartouches sont encore mal distribuées. On trouve encore des armes longues à silex à la fin du XIX^e siècle dans les zone montagneuses de l’Oregon et de l’État de Washington. Parce que les amorces étaient rares et vieillissaient mal dans les conditionnements protégeant mal de l'humidité. Il était déjà assez difficile de protéger la poudre. Ces armes servaient à des trappeurs ou des chasseurs professionnels qui tiraient leur gibier postés et passant à bonne portée. Ils prélevaient un seul gros animal à la fois, daim, cerf ou chevreuil, voire gros félin ou castor ou loutre, et ceci pour les peaux.